Gender pay gap en Suisse et dans le monde : comment y remédier ?
Pour des tâches et un temps de labeur identiques, la différence de salaire entre les hommes et les femmes demeure une triste réalité dans le monde du travail. Cet écart est de 19 % en moyenne sur tout le globe contre 18 % en Suisse. 47,8 % de cette inégalité étant inexplicable rationnellement, elle serait donc tout simplement basée sur le genre. Cette discrimination subie par les effectifs féminins suscite de la frustration et des sentiments d’injustice. Ses répercussions économiques et sociales peuvent également être importantes. Seule l’égalité salariale totale en Suisse et dans le monde permettrait de mettre fin à cette situation. La route est néanmoins longue pour atteindre cet objectif.
Les différences de salaire en Suisse
Une étude réalisée par l’Office fédéral de la statistique révèle que chaque mois, la différence de salaire entre les hommes et les femmes s’élève à 1 500 francs. 52,2 % de ce décalage sont justifiés par des éléments objectifs comme le temps d’occupation du poste, le niveau de qualification et la position professionnelle.
Aucun motif rationnel n’explique en revanche les 47,8 % restants. Les observateurs estiment donc que l’écart de 717 francs est tout simplement dû à une discrimination basée sur le genre. Celle-ci est plus marquée dans le secteur privé où les femmes perçoivent un salaire de 19,5 % moins élevé que les hommes, soit une différence moyenne de 1 599 francs. Dans la fonction publique, cette inégalité est de 15,1 %, soit 1 373 francs.
Bon à savoir : cette analyse date de 2020, mais les chiffres n’ont pas trop évolué depuis.
Les femmes tendent à occuper des secteurs moins rémunérateurs
Il est intéressant de noter que comparées aux hommes, les femmes occupent généralement des postes moins bien payés. Elles ont aussi tendance à intégrer des filières peu rémunératrices.
Certains secteurs tels que la santé, le nettoyage, la vente, les carrières sociales sont d’autre part qualifiés de typiquement féminins. Ces emplois sont alors globalement mal payés, leurs missions étant souvent considérées comme peu gratifiantes. Pour des métiers de valeur égale, ceux qui sont réputés traditionnellement masculins à l’instar des forces de l’ordre sont mieux rémunérés.
Même si les femmes possèdent de bonnes compétences et de l’expérience, leur travail est moins rétribué par la société. Ce déséquilibre salarial homme/femme est même perceptible dès leur entrée dans la vie active. Pour des conditions similaires, les emplois jugés masculins bénéficient d’un salaire mensuel de 200 francs plus élevé par rapport aux métiers « réservés » aux femmes.
Même dans le secteur de la médecine, les hommes reçoivent un salaire 25 % plus important que les femmes. À titre illustratif, presque autant de femmes (49 %) que d’hommes (51 %) occupent les métiers du domaine dentaire, et pourtant ceux-ci touchent un salaire de 4 % supérieur.
1 % des emplois les mieux rémunérés sont enfin exercés par les hommes. Le métier d’ingénieur logiciel figure par exemple parmi les mieux payés en Suisse et pourtant, seuls 8 % des postes disponibles dans le domaine du développement, de l’analyse des applications et des logiciels sont détenus par des femmes.
Les secteurs dans lesquels l’écart de salaire hommes/femmes est le plus marqué
L’Office fédéral de la statistique a relevé les écarts de salaire selon le sexe dans différents secteurs économiques du pays.
Dans la branche de la production : l’écart de salaire hommes/femmes dans le secteur « Industries du textile et de l’habillement » est de 21,6 % à 1 381 francs, dont 808 francs inexpliqués. L‘écart le moins important est constaté dans le domaine de l’ »Industrie chimique et pharmaceutique », où il est de 8,1 % à 908 francs. L’écart inexpliqué est valorisé à 816 francs.
Dans le domaine des services : les hommes touchent un salaire de 32,4 % supérieur à celui des femmes dans le secteur « Activités financières et d’assurance ». L’écart infondé s’élève à 1 472 francs. C’est dans la filière « Hébergement et restauration » que le gap est le moins prononcé à 443 francs (8,7 %). Le montant de la part inexpliquée de cette différence est de 255 francs.
Les différences de salaire selon le sexe à l’échelle mondiale
Selon ONU Femmes, le salaire des femmes est de 20 % inférieur à celui des hommes dans le monde. Les différences de rémunération selon le genre persistent, même si elles font preuve de plus de compétences et qu’elles fournissent plus d’efforts dans l’exercice de leurs fonctions. Cette institution estime qu’au regard de la tendance actuelle, l’écart de salaire entre les deux sexes ne se résorbera complètement qu’en 2069.
Le pays où l’écart de salaire selon le genre est le moins marqué est le Luxembourg, puisque les femmes tendent à y toucher plus (+0,2 %) que les hommes. Ce pays est suivi de près par la Roumanie où l’écart salarial est de 3,6 % en faveur des hommes et par la Slovénie où ilest de 3,8 %.
Dans les États limitrophes de la Suisse, la différence de rémunération selon le sexe est de 18,8 % en Autriche, 17,6 % en Allemagne, 16,5 % au Liechtenstein, 15,4 % en France et 5 % en Italie.
Les causes des inégalités salariales hommes/femmes
Quelques causes rationnelles justifient les différences de salaire selon le sexe comme le travail à temps partiel des femmes ou bien leur accès limité aux formations. Elles sont par ailleurs parfois obligées de mettre leur carrière en veilleuse pour des raisons personnelles (maternité, aidant familial…)
L’écart inexplicable entre les salaires repose essentiellement sur des préjugés selon lesquels les femmes sont moins compétentes que les hommes. Ces clichés ont la dent dure, puisqu’ils sont ancrés dans la société depuis des siècles.
Pour des niveaux comparables, découvrons ci-dessous les raisons pour lesquelles le travail des femmes est moins rétribué que celui des hommes :
– le stéréotype de sexe : certains clichés veulent que les métiers exercés principalement par les femmes soient d’office sous-estimés et moins rémunérés que ceux des hommes ;
– la société les influence pour qu’elles suivent des études aux débouchés moins lucratifs ;
– d’autres préjugés veulent que les femmes soient moins capables (physiquement et intellectuellement) que les hommes. Elles sont donc obligées de travailler durement pour démontrer leurs vraies valeurs.
En raison du plafond de verre, peu de femmes atteignent les postes haut placés. Celles qui affichent un tant soit peu d’ambition sont souvent mal considérées par la collectivité. Jugées envahissantes, orgueilleuses ou présomptueuses, elles se voient d’ordinaire affligées de qualificatifs péjoratifs comme “carriéristes” ou « girl boss ».
Les conséquences de la discrimination salariale
Sur le plan psychologique, la partialité des employeurs crée inévitablement un sentiment d’injustice auprès de la gent féminine. En se sentant spoliées, les femmes perdent leur motivation et sont moins productives. La frustration peut en outre les conduire à une remise en question de leurs capacités si bien qu’elles auront l’impression d’être inutiles et inefficaces par rapport aux hommes.
Les femmes risquent par ailleurs d’être plus vulnérables financièrement. En cotisant moins, elles percevront une retraite moins importante. Leur couverture sociale est également peu étendue, si bien que le moment venu, elles ne seront pas en mesure de supporter des frais de santé élevés.
En définitive, la discrimination salariale peut donc à terme aboutir sur un écart notable entre le niveau de vie et le statut social des hommes et des femmes.
Comment éviter les différences de salaires hommes/femmes ?
La transparence des salaires dans le cadre de l’equal pay en Suisse et dans le monde
La transparence salariale implique pour un employeur la communication volontaire des salaires appliqués dans son entreprise. De cette manière, chaque collaborateur·rice est donc en mesure de connaître la rémunération de ses collègues et de ses supérieur·e·s.
Pour plus de transparence encore, certaines entreprises mettent à disposition les facteurs quantifiables et objectifs sur lesquels elles basent les promotions et les augmentations. Les points les plus évoqués sont entre autres l’ancienneté et les compétences du travailleur, son assiduité et son application dans ses tâches.
Soulignons que certaines entreprises ne divulguent pas des informations détaillées, leurs employé·e·s souhaitant que leur paie reste confidentielle. Elles dévoilent néanmoins les salaires moyens par sexe pour les emplois de même valeur et de même classification.
Des organisations comme la fondation Equal-Salary délivrent enfin des certifications aux structures de plus de 50 employés qui soutiennent l’égalité salariale hommes/femmes. L’obtention de ce certificat leur permet de véhiculer une image moderne, de se différencier et d’établir une culture d’entreprise forte.
Les avantages de la transparence salariale
La transparence permet de :
- établir l’historique des salaires ;
- repérer les différences salariales non fondées et les redresser ;
- réduire les tensions causées par la jalousie et par la rivalité entre les salarié·e·s ;
- minimiser le turn-over, les employé·e·s se sentant plus sereins et considérés dans une compagnie réputée « Equal-Salary ».
- renforcer la compétitivité des entreprises, puisque les candidat·e·s les mettront en concurrence avant de postuler.
La transparence salariale constitue par ailleurs un outil permettant aux collaborateurs d’orienter leur carrière et de se projeter dans l’avenir en voyant l’évolution des salaires pratiquée dans leur organisation.
L’instauration d’une politique salariale juste
Outre la transparence sur les rémunérations, chaque employeur doit partir du principe « À travail égal, salaire égal » d’où l’instauration d’une politique salariale équitable. Les écarts de salaires inexpliqués basés sur le genre ne doivent plus exister pour que l’equal pay en Suisse et dans le monde soit effectif.
Chaque entreprise doit s’appuyer sur des facteurs quantifiables pour :
- le montage de sa grille de salaires ;
- l’évaluation de chaque collaborateur ;
- l’appréciation des prises de responsabilité.
Le processus de promotion est également bien encadré. Des critères précis permettent de définir l’octroi des primes et des avantages. L’évaluation des nouveaux salaires suit de même une formule mathématique.
Lorsqu’une discrimination salariale est constatée, il convient enfin d’augmenter les personnes lésées afin de combler le gap et ramener les écarts de rémunération à 0.
FAQ: L’égalité salariale
Quelle est la réalité actuelle de l’écart salarial entre hommes et femmes?
L’écart salarial entre hommes et femmes est de 19 % en moyenne dans le monde et de 18 % en Suisse. Une grande partie de cet écart, soit 47,8 %, est inexplicable et semble être basée uniquement sur le genre.
Quelle est la différence de salaire mensuelle entre hommes et femmes en Suisse?
En Suisse, la différence de salaire mensuelle entre hommes et femmes est de 1 500 francs.
Quelle proportion de cet écart salarial est justifiée par des éléments objectifs?
52,2 % de cet écart salarial est justifié par des éléments objectifs tels que le temps passé au poste, le niveau de qualification et la position professionnelle.
Dans quels secteurs l’écart salarial est-il le plus marqué en Suisse?
L’écart salarial est particulièrement marqué dans le secteur privé, où les femmes gagnent en moyenne 19,5 % de moins que les hommes. Dans la fonction publique, cet écart est de 15,1 %.
Quelle est la situation de l’écart salarial à l’échelle mondiale?
Selon ONU Femmes, le salaire des femmes est inférieur de 20 % à celui des hommes à l’échelle mondiale.
Quelles sont les principales causes des inégalités salariales entre hommes et femmes?
Les causes comprennent des stéréotypes de genre, des influences sociétales poussant les femmes vers des études moins lucratives, et des préjugés sur les capacités des femmes.
Quelles sont les conséquences de la discrimination salariale?
La discrimination salariale peut entraîner des sentiments d’injustice, une baisse de motivation, une vulnérabilité financière accrue pour les femmes et un écart dans le niveau de vie et le statut social entre hommes et femmes.
Comment peut-on éviter les différences de salaires entre hommes et femmes?
La transparence salariale et l’instauration d’une politique salariale juste sont essentielles pour garantir l’égalité salariale.
Quels sont les avantages de la transparence salariale?
La transparence salariale permet de repérer et de corriger les inégalités, de réduire les tensions entre les employés, de minimiser le turn-over et de renforcer la compétitivité des entreprises.