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Loud quitting : la « démission bruyante » est-elle une bonne idée ?

Vous connaissez le loud quitting ? Cette tendance consiste à exprimer haut et fort son mécontentement dans l’intérêt de faire savoir à ses supérieur·e·s qu’il y a une insatisfaction vis-à-vis d’une ou plusieurs conditions de travail.

 

Alors que les entreprises craignent cette démarche, le loud quitting semble séduire de plus en plus de salarié·e·s, mais est-ce un coup de génie pour autant ? Décryptage.

 

Le loud quitting : qu’en est-il vraiment ?

 

Le loud quitting ou « démission bruyante » en français, s’oppose au quiet quitting, qui fait référence à un désengagement silencieux des salarié·e·s. Cette démarche est assez récente et a par ailleurs suscité beaucoup d’intérêt en 2023, année durant laquelle le sujet a explosé sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où il a comptabilisé des millions de vues. Pour faire court, c’est une manière de démissionner ou de faire pression qui est particulièrement fracassante et qui accompagne généralement une dénonciation de problèmes au travail, que ce soit par rapport au salaire, à un problème de matériel, au télétravail, à un souci de management interne, etc. : la liste pourrait être longue ! Pour ce faire, les salarié·e·s utilisent des moyens d’expression qui ne passent souvent pas inaperçus, tels que des messages postés sur les réseaux sociaux, des vidéos qui peuvent devenir rapidement virales ou encore des messages circulant au sein de l’entreprise. Le but ? Faire pression pour obtenir des avantages ou tout simplement démissionner en voulant montrer un mécontentement et ainsi impacter l’image de l’entreprise.

 

Certaines entreprises perçoivent le loud quitting comme une opportunité leur permettant de mettre en place des changements nécessaires, ainsi que d’identifier de nouveaux leviers d’engagement. Mais pour d’autres, bien qu’il ne concerne qu’une minorité des démissions, ce phénomène est susceptible de nuire à leur image. Et ce n’est pas le seul impact. Selon l’institut de sondage Gallup, qui a mené une étude mondiale intitulée « State of the Global Workplace: 2023 Report », le loud quitting pourrait également éroder la motivation des autres collaborateur·rice·s, ainsi que celle des potentiel·le·s futur·e·s candidat·e·s.

 

Les manager·euse·s : une responsabilité élevée

 

Selon Jim Harter, l’un des auteurs de l’étude de Gallup, la responsabilité des manager·euse·s serait de 70 % dans le loud quitting des salarié·e·s. Cette tendance, qui est notamment impulsée par la génération Z, est également le reflet d’un niveau de stress assez important au travail, puisque 56 % des employé·e·s qui optent pour le loud quitting seraient stressé·e·s, toujours selon Gallup.

 

Le loud quitting est-il une bonne solution pour votre carrière professionnelle ?

 

S’il est correctement entrepris, c’est-à-dire réfléchi et assorti d’une communication assertive, le loud quitting peut-être bénéfique, notamment pour faire progresser le management de l’entreprise ou résoudre un problème qui nuit au bien-être des collaborateur·rice·s. Cependant, dans certains cas, c’est une démarche qui peut impacter négativement la vie professionnelle, voire la vie personnelle des salarié·e·s qui la mettent en place. C’est notamment le cas lorsque les réseaux sociaux sont utilisés pour exprimer un mécontentement au travail ! Ce faisant, vous pouvez considérablement ébranler votre image de marque en tant qu’employé·e ! Dans le cas où vous voudriez par ailleurs exprimer des reproches à l’encontre de votre entreprise, mais sans vouloir démissionner, la confiance de votre employeur·se pourrait être impactée, tout comme votre réputation au sein de l’entreprise. Et on sait ce qui s’ensuit : augmentation du stress, baisse de moral, mal-être au travail, etc.

 

Quels risques en tant que salarié·e ?

 

Si vous entamez une démarche de loud quitting de manière trop audacieuse et sans vouloir démissionner (c’est-à-dire dans le but de faire pression sur votre employeur·se), vous risquez d’obtenir le contraire de ce que vous souhaitez, c’est-à-dire, moins de responsabilités au travail, voire un risque de licenciement avec effet immédiat et/ou de paiement d’une indemnité en cas de violation grave ! En tant que salarié·e, vous devez en effet respecter le devoir de fidélité en ne portant notamment pas préjudice aux intérêts légitimes de l’employeur·se (art. 321a al. 1 CO). Il en est de même sur les réseaux sociaux, où des critiques à l’encontre de votre employeur·se peuvent avoir des répercussions graves ; ce sont cette fois-ci les devoirs de diligence, de fidélité et de confidentialité qui rentrent en compte.

 

Loud quitting : comment bien le mettre en place ?

 

Peser le pour et le contre

 

Si le loud quitting est possible aujourd’hui, c’est en partie parce que le marché de l’emploi est en faveur des candidat·e·s dans certains secteurs. Cependant, ce n’est pas le cas de tous et cette démarche peut donc s’avérer infructueuse ! Comme l’a indiqué Matthias Mölleney, expert en ressources humaines en Suisse, les personnes qui ont un profil recherché en matière d’emploi sont les seules à faire usage du loud quitting. Il est donc important de bien réfléchir avant de vous lancer dans un tel affrontement ! Commencez par bien analyser les spécificités et la conjoncture actuelle de votre secteur puis posez-vous les questions suivantes :

 

  • « Quel est mon objectif ? » (fixez-le de manière précise et réaliste) ;
  • « Suis-je encore épanoui·e au travail ? suis-je vraiment prêt·e à quitter mon poste ? » ;
  • « Maon manager·euse est-iel ouvert·e à la discussion et aux changements ? » ;
  • « Y-a-t-il d’autres solutions pour mettre en avant mes problèmes et me faire entendre ? » ;
  • « Ai-je un plan B suffisamment solide pour assurer mes arrières ? » ;
  • « Suis-je assez informé·e de tout ce que le loud quitting implique ? ».

 

Après avoir répondu à ces questions, vous aurez une vision plus précise de votre situation actuelle, ainsi que de vos perspectives d’évolution et vous pourrez donc déterminer si le loud quitting est vraiment la solution qui convient.

 

Préparer un bon discours

 

Si vous avez pris la décision de pratiquer le loud quitting, vous ne pouvez pas foncer tête baissée ; il faut préparer des arguments solides pour échanger de manière efficace avec votre employeur·euse. Eh oui, vous devez commencer par avoir une discussion avec iel pour faire les choses dans les règles de l’art (si vous vouliez exprimer votre mécontentement sur les réseaux sociaux, oubliez !). Votre argumentaire dépendra bien évidemment de votre objectif, mais de manière générale, mettez en avant les réalisations qui reflètent votre productivité au sein de l’entreprise, votre montée en compétences, ce que vous pourriez apporter si vous obteniez vos avantages souhaités ou encore votre disponibilité qui fut constante jusqu’à maintenant.

 

Adopter une communication assertive

 

Trouver le bon fond pour créer votre discours, c’est bien, mais pour le rendre qualitatif, il faut également employer la bonne forme ! Bien que vous ressentiez sans doute de la colère, ainsi qu’une envie de crier haut et fort tout ce qu’il ne va pas dans l’entreprise, ce n’est pas la solution à privilégier. En adoptant une communication assertive, c’est-à-dire dans le respect et sans agressivité (mais avec affirmation !), votre employeur·se sera plus réceptif·ve et plus décidé·e à apporter des changements au sein de l’entreprise.

 

Et après ?

 

Afin de ne pas vous retrouver au pied du mur à la suite de votre démission, pensez d’ores et déjà à préparer votre future vie professionnelle. C’est d’autant plus nécessaire dans le cadre d’un loud quitting, car vous ne savez pas si votre image sera impactée ! Si vous souhaitez par exemple vous reconvertir, anticipez ce changement en vous renseignant sur les différentes formations envisageables et faites un bilan de compétences dès que possible (renseignez-vous sur les différentes possibilités proposées dans votre canton).

 

Quelles alternatives au loud quitting ?

 

Comme nous l’avons vu, le loud quitting n’est pas une démarche adaptée à toutes les situations et elle n’ouvre pas toujours la voie à la discussion. Si vous souhaitez démissionner, vous avez d’autres solutions qui préserveront votre image (c’est votre carrière qui est en jeu !). Voici quelques conseils à appliquer si vous souhaitez rester professionnel·le (et digne) lors de votre démission :

 

  • rédigez une lettre de démission comme l’exige le droit du travail ;
  • organisez un entretien avec votre manager·euse pour présenter vos arguments de manière diplomatique ;
  • ne critiquez pas votre entreprise et ne mettez pas en avant votre joie de la quitter sur les réseaux sociaux ;
  • n’informez pas vos collègues de votre démission de manière trop hâtive, car cela pourrait se retourner contre vous ;
  • continuez à travailler efficacement jusqu’à la fin, et ce, même si vous n’en avez pas envie (encore une fois, pensez à votre image et à votre carrière !) ;
  • évitez les affrontements stériles (partir de manière apaisée, c’est mieux !).

 

N.B. : si vous pratiquez le conscious quitting (vous démissionnez car les valeurs de l’entreprise ne vous correspondent pas), un départ effectué avec calme et professionnalisme sera d’autant plus requis.

 

Le loud quitting est donc une démarche qu’il faut entreprendre avec parcimonie et en établissant un plan précis ! N’oubliez pas que c’est votre image ainsi que votre carrière qui sont en jeu. En optant pour une mauvaise communication, vous pouvez par ailleurs ternir votre réputation ; privilégiez donc les échanges fructueux avec votre manager·euse.

 

L’image ci-dessus a été créée par notre designer à l’aide d’un outil d’IA. 🧑‍🎨 🤖

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